Dans la cadre de « NEUROPLANETE », organisé par le magazine Le Point à Nice les 10 et 11 novembre 2017, nous avons eu l’occasion d’assister à des conférences très intéressantes sur le mécanisme complexe du cerveau.
Nous avons souhaité vous faire partager la conférence qui traitait du sujet « Mangez mieux, pensez mieux ». Voici un vaste programme qui nous entraîne dans les méandres de la bonne nutrition et de celle à éviter.
De gauche à droite, JEROME CORDELIER, Rédacteur en chef du magazine Le Point, (1) et trois éminents spécialistes, MICHEL LEJOYEUX(2), Professeur de psychiatrie et d’addictologie, DANIELA COTA (3), Responsable de l’équipe « Balance énergétique et obésité », STEPHANE SCHNEIDER (4), Professeur de nutrition à l’université Côte d’Azur et CHU de Nice.
Le principe de recherche est fondé avant tout sur l’observation, sur des études de corrélation qui mettent en exergue certaines tendances afin de fournir parfois des explications scientifiques.
MANGEZ MOINS : CHOISISSEZ UNE ASSIETTE DE COULEUR ROUGE.
Voici le résultat d’une expérience sur l’utilisation d’assiettes de deux couleurs, les unes rouges, les autres blanches. Les chercheurs constatent une corrélation directe entre la couleur de l’assiette et l’absorption de nourriture. Le groupe qui utilisait les assiettes rouges ingurgitait 18 % de moins que ceux qui avaient des assiettes blanches ! En fait, ce n’est pas uniquement la couleur foncée, mais plutôt le contraste de la couleur entre l’assiette et l’aliment qui conditionnerait la consommation. Un conseil, ne jetez pas tout de suite vos assiettes blanches !
MANGEZ DES CORNICHONS !
Notre cerveau a besoin de psychobiotiques. Les probiotiques sont des bactéries vivantes qui sont importantes dans le maintien d’un système digestif sain et contribuent à stimuler le système immunitaire. Certains probiotiques peuvent également améliorer la santé mentale, et les chercheurs les ont appelés des « psychobiotiques », les molécules de la bonne humeur.
C’est ainsi que l’on recense des menus de bonne humeur et des menus de mauvaise humeur. Les résultats des études font apparaître que les personnes qui mangeaient régulièrement certains aliments comme la choucroute, les cornichons, les pickles, les yaourts, vont faire travailler l’intestin et permettre d’envoyer au cerveau, les molécules de la bonne humeur. Ils sont ce que l’on appelle des psychobiotiques. C’est donc l’association intestin-cerveau qui va entraîner le cerveau à créer des molécules de la bonne humeur, qu’il ne peut pas fabriquer sans l’aide de l’intestin.
À l’inverse, la consommation de hamburgers, de sodas de frites génère plus de risques de dépression, pour les raisons inverses.
Les attentes du cerveau :
Tout d’abord le besoin de se nourrir, car c’est la condition de la survie de l’espèce. Cependant nous sommes surexposés à une multitude d’aliments qui, une fois digérés deviennent des nutriments bases de la fabrication d’hormones qui nous rendraient plus au moins heureux. Cependant une surexposition d’aliments, peut conduire à l’obésité. Un français sur deux est obèse ou en surpoids.
Alors, mettez en application les deux mots clefs d’une bonne alimentation :
NOUVEAUTÉ ET LENTEUR.
Le professeur Lejoyeux rappelle le principe de l’effet Coolidge. L’histoire se passe lors d’une visite de l’un des Présidents des États-Unis, Calvin Coolidge et de sa femme, Mme Coolidge dans un élevage de poules et de coqs, Mme Coolidge demande à l’éleveur de volailles comment il obtient autant d’œufs fécondés avec si peu de coqs. L’agriculteur explique que chaque coq féconde chaque jour une dizaine de poules : expliquez comment faire à Monsieur Coolidge ! s’exclama la femme du président.
Le président des États-Unis demande combien de poules sont présentées à chaque coq et veut savoir si chaque coq féconde toujours la même poule.
– Non, dit l’éleveur. Chaque coq a tous les jours plusieurs poules à sa portée. Et on essaie de lui présenter le plus possible de poules différentes pour le garder motivé.
– Expliquez-le à Madame Coolidge, rétorqua le Président des États-Unis.
Donc, variez les plaisirs en variant votre alimentation. Pas d’auto mortification, pas de régimes qui vous rendent triste. Pas le même plat tous les jours. Manger des aliments qui contiennent des omégas 3. Adoptez le principe de deux portions de poisson par semaine et beaucoup moins de viande rouge. Et surtout pas de jeûne pour un malade, c’est une démarche criminelle.
Réduisez la consommation de sel, aujourd’hui la moyenne est de 9 grammes par jour, si on baissait la consommation de sel à 6 grammes on éviterait 35 000 morts par an. L’objectif à atteindre est de 3 grammes par jour. Petit conseil personnel que nous avons adopté, quand vous avez envie de rajouter du sel, pensez au citron, vous le constaterez cela agira comme un exhausteur de goût.
Privilégiez l’alimentation de type méditerranéenne.
Pour être heureux, ne négligez pas la sérotonine, c’est le neuromédiateur de l’apaisement, du bien-être et de la préparation au sommeil : en clair grâce à elle, c’est la « Zénitude ». Elle est fabriquée à partir d’un acide aminé, le Tryptophane. Ce Tryptophane est abondant dans le soja, les légumineuses et les œufs, noix, noisettes ou amandes et surtout le chocolat noir bio. Le tryptophane est un acide aminé essentiel précurseur de la sérotonine.
THÉ OU CAFÉ.
Pour satisfaire le deuxième aspect de la bonne alimentation, la lenteur, choisissez le thé.
En effet, l’absorption du café est trop rapide alors que le thé vous invite à ralentir, à méditer et vous oblige à vous fixer sur l’instant présent.
Cette lenteur est un élément essentiel de l’appréciation des aliments et leur digestion. Donnez du temps au cerveau pour qu’il analyse ce que vous mangez. Pas de repas sur le pouce, ou en 4e vitesse, la lenteur fait partie intégrante de notre système de nutrition, et surtout, ne dites pas « je n’ai pas le temps », prenez-le, votre cerveau et votre système digestif vous diront MERCI.
PRO Paul Raymonde Obadia novembre 2017.
Photos PRO/PIXABAY
- Jérôme Cordelier Rédacteur en chef, Le Point. Diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et du mastère Médias de l’ESCP Europe, titulaire d’une maîtrise en droit privé (Paris II), il a travaillé au Nouvel Observateur et au Nouvel Économiste avant d’intégrer Le Point. Auteur de cinq livres, après avoir été grand reporter au service société, il est rédacteur en chef depuis quatre ans, en charge des éditions locales ainsi que du contenu éditorial des forums..
- Michel LEJOYEUX Professeur de psychiatrie et d’addictologie est professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’université Paris 7. Il préside la Société Française d’Alcoologie et il dirige les services de psychiatrie et d’addictologie des hôpitaux Bichat et Maison Blanche. Auteur de nombreux ouvrages à succès, il publie en 2016 « Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore » (JC Lattès, 2016) dans lequel il livre les clés d’un mode de vie anti-déprime, sans médicaments, sans chimie, ni molécules du bonheurL’ouvrage devient rapidement un best-seller et l’éminent psychiatre écrit la même année « Les quatre saisons de la bonne humeur » (JC Lattès), un programme précis et pratique de l’hiver à l’automne pour faire le plein d’optimisme et d’énergie. Entre nourriture, exercices, loisirs et conseils psychologiques, Michel Lejoyeux nous propose des techniques stimulantes qui révolutionnent en douceur la chimie de notre cerveau et l’état physiologique de notre corps, éloignent la déprime et augmentent notre résistance ainsi que notre santé.
- Daniela COTA Responsable de l’équipe « Balance énergétique et obésité » dirige depuis 2008 l’équipe de recherche « Balance énergétique et obésité », au Neurocentre Magendie à Bordeaux (INSERM U1215). Elle y étudie le cerveau pour comprendre les clefs de l’obésité et du diabète. Cette spécialiste du surpoids s’intéresse plus particulièrement à l’étude des mécanismes impliqués au niveau cérébral dans la détection et l’intégration des nutriments et des hormones, qui régulent le comportement alimentaire, le poids corporel et le métabolisme. Alors que l’obésité est aujourd’hui un problème de santé publique majeur et qu’aucune option thérapeutique efficace n’est encore disponible, Daniela Cota et son équipe tentent d’identifier de nouvelles cibles pour le traitement pharmacologique de cette pathologie.
- Stéphane Schneider Professeur de nutrition à l’université Côte d’Azur et CHU de Nice. Ancien président du Collège des Enseignants de Nutrition des Facultés de Médecine de France, il s’intéresse à la prévention des maladies notamment neurodégénératives par l’alimentation. Il travaille également sur la dénutrition des patients atteints de maladies chroniques comme celles de l’intestin et le cancer. Dans le même temps, il préside le Conseil Scientifique de la Nutrition de la Ville de Nice (CSN) qui a pour objectif de prévenir les troubles de l’état nutritionnel comme l’obésité infantile et d’améliorer la santé des écoliers.